lundi 8 octobre 2012

Récolte


Entre deux pruniers sauvages, début juillet j'accroche une corde pour y sécher la lessive estivale.
A côté une grande bassine en zinc et un tuyau où l'eau court et se chauffe graduellement pour des douches au soleil.
Fin août dans "l'aire de la salle de bain " viennent rouler des prunes violettes.
Elles rejoignent la petite dizaine déjà ramassées le matin ou la veille, dans un saladier.
Crues ces prunes n'ont rien de remarquables.
Mangeables, sans plus.
Cuites, sous formes de tartes, de clafoutis ou de confitures,
une transformation délicieuse s'opère:
elles prennent une couleur très foncées, et surtout elles sont très goûteuses, un pur régal de fruit bien sauvage.
A l'heure où les rayons du soleil empêchent toute sortie dehors, au calme dans la relative fraicheur de la cabane, le jus bien sucré coulant jusqu'au coude, j'enlève les noyaux.
Le petit tas de noyaux augmente, celui des prunes ouvertes aussi.
Celui des prunes pleines, encore blanchâtre de leur pruine qui les enveloppent comme d'une pellicule de l'ordre du papier de soie, diminue.

A ce moment là j'écoute la radio, les mots flottent sur les noyaux.
Dans ce lieu les phrases se répercutent différemment et s'infiltrent de manière plus tranquille, comme si le silence autour me rendait plus attentive.
En regardant la lumière qui jouait avec l'eau dans le
saladier, écouter l'émission "ça peut pas faire de mal"*.

Ce genre d'expérience est si fugace.

 Plein de petits rejets de pruniers au pied du tronc, et je me demande si je peux les déraciner et comment, et en mettre ailleurs, tiens....


*Guillaume Gallienne lisant des extraits de "Thérapie"de David Lodge.
http://www.franceinter.fr/emission-ca-peut-pas-faire-de-mal-ete-2012-therapie-de-david-lodge